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Lectures d'ouverture - UE8
15 mars 2017

Un patient est un Homme avant d’être un malade.

Par Jordan Pothain, Thibaud Celce, Léonard Simon

 

Photo issue de Télérama.fr publiée le 18/01/2014

« J’aime penser qu’un livre est une lettre adressée à tous » 

    L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau est une lettre que l’on prend plaisir à lire, que l’on soit informé ou non sur les pathologies exposées par l’auteur. Cet ouvrage s’inscrit clairement dans une volonté de vulgarisation scientifique au travers de récits issus de cas réels du Docteur SACKS. Le neurologue les accompagne d’analyses qui soulèvent de nombreuses questions chez le lecteur, le rendant ainsi « accroc » au livre dans l’espoir de trouver des réponses dans les post-scriptum ou la suite du livre. Il s’appuie sur des histoires insolites, marquantes et déroutantes rendant cet ouvrage captivant : le lecteur peut à tout moment s’identifier ou identifier un proche aux patients-personnages. Nous distinguons quatre parties traitant de concepts neurologiques distincts où chaque récit est différent mais construit autour d’une même pensée du Docteur SACKS : « il faut toujours voir la personne avant la maladie ».

    A travers cette œuvre, l'auteur nous présente vingt-quatre cas cliniques qui illustrent ce « métier à tisser enchanté » qu'est le cerveau selon Sherrington. Ces essais placent le lecteur dans la peau d'un étudiant qui découvrirait la neurologie en tant que « science romantique » comme aime la définir SACKS en citant LOURIA. Grâce à une démarche rigoureuse, l'auteur retrace ses efforts pour appréhender, non sans une certaine fascination, le déséquilibre qui a perturbé l'imagination, la mémoire ou la perception d'une personne. En parcourant différentes thématiques, on peut nous aussi essayer de comprendre comment une maladie reconnue peut se manifester singulièrement selon les individus et leur réalité intérieure et extérieure. 
    Malgré la complexité des sujets traités, le livre emploie des données abordables qui permettent à tous lecteurs de rentrer dans ces récits parfois à la limite de la fantaisie. Sans jouer de son érudition, Oliver SACKS approche avec humanité les situations en se questionnant sur les mécanismes du cerveau. On peut même noter un appel à la religion avec la notion d'âme, considération étonnante pour un docteur. Comprendre une maladie, c'est pour lui comprendre les adaptations et l'évolution d'un être accompli face à ce qu'il se déplaît à nommer un « déficit ». Il place au centre de son raisonnement la relation entre le cerveau et l'esprit, pour décrire le concept d'identité et étudier, en se détachant d'une neurologie classique, ces étranges réactions face aux affections neurologiques.

    Le « mal » du patient prédomine trop souvent dans la manière de le prendre en charge. SACKS voit plutôt la médecine comme « un art, l’art de l’observation, de la description, l’art de la relation avec le patient ». L’origine du mal doit-être cherchée au-delà du simple individu, demandant ainsi la création d’une certaine intimité avec ce dernier. Au travers de ses mémoires, SACKS nous encourage à prendre en compte la vie actuelle mais également le vécu de chaque patient : « tout dans l’homme se situe à l’intersection de la biologie et de la biographie ». La posture est-elle le reflet de la psychologie ? Avez-vous déjà croisé une personne pleine d’assurance et voûtée ? C’est bien de ce lien étrange mais réel, entre esprit et corps, que nous éclaire l'auteur dans ses récits. Une ouverture passionnante à l'aspect pluridisciplinaire du milieu de la médecine, permettant au lecteur averti de se projeter sur la nécessité de prendre en compte tous les aspects de la personne en tant qu'être humain, riche d'un quotidien et d'une histoire, plutôt qu'une personne se plaignant simplement d’un mal. Enfin, un « mal bien vécu » doit-il forcément être soigné ? L’auteur nous met face à l’histoire paradoxale de Ray, un patient atteint du syndrome de Tourette qu’il a traité afin de le faire rentrer dans les normes sociales alors qu’il vivait en adéquation avec sa maladie.

     Maintenant, cette lecture peut-elle influencer la prise en charge de nos futurs patients avec les codes actuels ?

    #SacksToKiné : venez réagir sur notre article.   

 

*Citations issues du livre et d’une interview de Olivier SACKS publiée sur Télérama.fr le 18/01/2014.

 

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